Bio low-cost : aubaine ou dérive?
Actualité - 17/01/2017
Le bio, réputé bon pour la santé et pour la planète, rassure…
Le bio, réputé bon pour la santé et pour la planète, rassure… Les supermarchés se sont lancés dans la course. Ils ont alors créés en quelques années le "bio low-cost", en tirant les prix vers le bas. Les produits étiquetés "bio" des grandes surfaces sont 10 à 20% moins cher que le bio des magasins spécialisés. Le marché est planétaire et a quadruplé ces dernières années. Rien qu’en Belgique, le bio pèse plus de 514 millions d’euros.
Pour Frédéric Denhez, journaliste spécialisé dans les questions d’agriculture et d'environnement, ce bio low-cost pourrait signer l’arrêt de mort de l’agriculture biologique telle que l’on se l’imagine, soucieuse de l’environnement, et respectueuse des paysans : "Si on les laisse faire, ça veut dire que l’on va tomber dans les mêmes travers que le conventionnel, on va faire du bio qui sera bio mais qui sera vendu tellement peu cher que les producteurs de bio ne pourront pas en vivre. Et là on peut dire adieu à l’esprit du bio. L’Agriculture Biologique, c’est pas de pesticides, pas d’engrais mais c’est aussi une philosophie, un producteur, un transformateur et un distributeur dans une zone circonscrite. C’est ça l’essentiel du bio." Le journaliste prône la "bio-cohérence" : une agriculture biologique qui prend en compte l’environnement et le social. Ce qui est donc incompatible avec la production de masse.
En fait, le bio légal n’est pas nécessairement un bio éthique. Les labels "bio" certifient qu’il n’y a pas de pesticides ou d’engrais mais ne s’inquiètent pas de l’éthique. Dans le règlement européen de l’agriculture biologique, il n'y a pas d'obligation d'adopter une économie sociale ou solidaire ou de réduire l'empreinte carbone. Il n’interdit pas non plus, par exemple, la présence d’additif chimique, comme le E250 soupçonné d’être cancérigène, dans le jambon.
A se vouloir moins cher, le bio ne risque t-il pas de perdre son âme ?